L’Art Métapélagique ?  Un autre regard sur les choses au fond... Ultra Marin, un art issu du milieu de la mer, ni vu ni connu, fortune de mer...   Cet art se crée des objets extravagants à travers le milieu marin, à tous les niveaux.  Presque tout ou n’importe quoi, quand la mer se met au milieu...

L’art ultra marin a affaire avec l’effet de ce que la mer a fait, fait, fait faire, et comme faire et défaire c’est encore faire, a défait, outrepassant de ce fait l’espace de la mer.

Découvert par la reconnaissance de l’effet de la rencontre de recréations (créatures ?) issues de l’intérieur de la mer où elles ne devraient plus rien avoir à faire depuis longtemps, il s’est révélé : avec, vers, par, dessous, pour, de, dans, la mer, avec virgule flottante et points de suspension...

Production d’un autre temps, d’un temps autre... sous la surface est l’endroit de l’envers... un art du reflet, un art à la réflexion peut être un art de la réflexion avec quelques réflexions sur l’art...


ciel de mer vue du ciel de la mer de la tranquillité rat d'eau au fond d'un port punique L'impression des imprécations du vent reflet du ciel sur la mer et la terre, photo d'Emilie Ohana Vague image soufflée à l'eau

En passant du reflet à la réflexion, s’est ajouté à l’image, un délai, un retard... un reflet à retardement, une réflexion ? Image d’une époque, d’une société, un autoportrait à retardement, ce que la mémoire ajoute à l’écho quand le délai frise l’oubli. Autoportrait, dans d’autres dimensions encore des océans et de leur logique, de la vie dans la mer et de la vie avec la mer (si tant est qu’il puisse y en avoir une sans.) Qui connaît des limites de l’océan ? La mer est la face cachée de la terre.

Entrées dans le monde sous-marin, gare à la casse... Créatures retournées à la mer, ou ayant échoué à en naître... après avoir perdu leur sens, échappées au sens commun, elles en retrouvent d’autres... la fascination qu’elles peuvent exercer tient à la violence latente de ces contacts prolongés à l’abri des regards, dans une ambiance difficilement respirable.

Art à la limite passée, art horrible, sacrilège, et révoltant, voisin de l’inconcevable, égaré entre régression, transgression et digression...

Un art obscur issu de l’outre mère, qui prend tellement de libertés avec les lois imposées, qu’il pourrait être tenu pour irrespectueux ou dans la transgression.

Tentative d’échapper à la pesanteur, d’évasion de la gravitation, et espace de chute dans plusieurs sens...

Le présent est le temps d’y trouver la plus ancienne mémoire collectionnée en feuillets sédimentés de la vie dans l’espace en apesanteur.

Si les ancêtres des Gassendi, avaient laissé Pierre dans l’eau de la baignoire d’Archimède, au lieu de l’embarquer sur une galère, aurait-il pu ajouter, avec un boulet au pied du grand mât, à la formulation de la loi sur la chute des corps, ouvrant la voie de la gravitation universelle, une observation (imaginée par Galilée) concluante pour les débuts de la relativité restreinte ?

Qu’y avait il à gagner à renoncer à ces facilités tridimensionnelles ?

La visibilité, la perspective, la vision de loin, la transparence, la baisse de l’indice, et de la viscosité... perdre quasiment une dimension permettait de voir loin, de comprendre, d’abstraire et d’expérimenter, au prix d’une pesante contrainte... avec comme bénéfice secondaire, le basket, le football, le golf... (et en réduisant encore une dimension, il resterait les plaisirs des courses de Formule 1 , du Tour de France, et de construire la machine de Turing.)

Cependant c’est dans l’air du temps d’un espace à deux dimensions plus une (anisotrope, rendue très asymétrique par la gravitation... Deux dimensions et demi, dirait Marc Lachièze-Rey), que se sont élaborées les plus belles théories...

La grâce contre la pesanteur, même l’art subit la gravitation : la Joconde se tient bien (i.e: droite), son sourire partiellement élucidé par sa lutte victorieuse sur la gravité, et Claude Monet peint après Camille, Suzanne Hoschédé, debout avec son ombrelle, avant d’aboutir dans les Grandes décorations de nymphéas du Musée de l’Orangerie, libéré, enfin...

A nous, allés voir, à partager la vision dans l’eau de l’art, et au delà de l’eau dans l’art. Et de garder l’esprit en forme dans l’au-delà de l’eau de la mer.