Une plongée un peu glauque,
pendant l'été 1998, un fond vaseux d'une cinquantaine
de mètres, côte nord des îles du Frioul, mais j'avais été content d'y trouver un masque, bon
modèle mais peu courant, peu concrétionné, assez confortable sous l'eau pour l'utiliser comme remplaçant
éventuel, et faire durer mon précieux Scuba Fish-Eye, plus fabriqué depuis des années, mais
inégalable pour l'étendue de son champ de vision, et son confort.
Aussi, grand dilemme , avant de partir à Nouméa: risquer de perdre dans les transferts erratiques
des bagages dans les aéroports, mon masque favori engagé dans l'aventure pour seulement une
trentaine de plongées, ou préserver l'avenir, en le laissant sagement à la
maison, pour des centaines de plongées à venir et des années, en prenant un masque
assez bon pour profiter des plongées (merveilleuses) en Nouvelle-Calédonie, à
l'île des Pins, et aux îles Loyauté, sans avoir à pester après un mauvais masque.
Et je suis parti avec cet Océanic Shadow, plus léger et suffisant pour ces plongées tropicales.
De retour, pendant un an, j'ai même continué à l'utiliser souvent, jusqu'à
cette après-midi agitée d'automne 99, où, pendant mon déshabillage après la
plongée sur le bateau déjà en route, une vague a emporté à la mer mon
masque posé trop près du plat bord.
Un agacement, mais la mer n'avait fait que
reprendre ce qu'elle m'avait offert... tout en me soulignant l'étrange parcours de ce
masque: si celui qui avait eu la malchance de le perdre sur les fonds de la côte nord avait eu la chance de
le retrouver à moins d'un demi-mille sur ceux de la côte sud du Frioul, aurait il pu se douter que son masque avait
entre-temps été plonger aux antipodes sous les tropiques, et parcouru l'équivalent du tour de la planète?...
Aussi, pendant la mise sur site (web) de l'art ultra marin, retrouver ce masque au fond, en août 2003,
aura été l'occasion d'un éclat de rire sous-marin.
J'avais déjà eu l'idée qu'un de ces masques perdus et concrétionnés
qu'il m'était arrivé de trouver sans y voir prêté beaucoup d'attention, pouvait bien
aussi être un objet d'art, et je me voyais déjà lancé dans un autoportrait masqué, le
problème étant que si c'était mon masque, il ne présentait aucune concrétion, ni intérêt
de la sorte, et s'il en avait parce que je l'avais trouvé au fond, ce n'était
pas mon masque... Problème résolu par ce cadeau personnel et facétieux de la
Méditerranée, dont le temps passé en plongée dépasse indiscutablement celui
de son actuel utilisateur... Oui, "mon" masque a plongé longtemps aussi sans moi, et le voici...