L'art comme sédatif, ou comme le café au réveil ?

Usuellement, l'art est célébré pour ses vertus stimulantes.

En vérité, c'est plutôt de ses vertus de sédatif dont on pourrait parler..

D'abord, en remarquant qu'il n'y a pas art sans objet. L'objet d'art est une constante que ce soit une sculpture, une peinture, un morceau de musique, un livre, une histoire ou un film. Même si c'est comme pour Duchamp, un objet-dard, dans une référence symbolique à du vivant, c'est toujours un objet, inanimé.

A regarder cet objet inanimé, il est vrai qu'on peut se sentir, mieux, tout simplement parce qu'il offre une solution qui nous agrée, en général de structuration de la perception de la réalité, sans trop vouloir entrer dans les détails ici.

Mais c'est en fait un véritable sédatif par rapport à ce que nous fait subir la réalité de la vie.

Pour faire image, notre situation est la même devant la vie et le vivant que celle du nouveau-né face à la lumière du jour. Il y en a trop, et c'est trop fort, alors pour ne pas avoir mal, il ferme les yeux, et il ne voit plus rien, et il s'angoisse ou il s'ennuie.







Si la vie nous paraît plate, c'est toujours parce qu'on évite de voir beaucoup de ses manifestations dont le mécanisme ou les complications nous sont incompréhensibles ou nous submergent, tant il y a tellement de choses à chaque moment, qui débordent notre intérêt, et qui sont des questions que nous évacuons.

Alors, dans la tranquillité aveugle où nous sommes réfugiés, l'objet d'art apparaît comme quelque chose de limité, et somme toute, de relativement simple à percevoir et à comprendre. Un peu comme pourrait se trouver une petite lumière artificielle douce pour quelqu'un ébloui et devenu photophobe.

A la place de l'agression permanente de la vie, l'art vient bien alors comme un médicament sédatif...